Quelques mots
23 décembre 2006
18 décembre 2006
13 décembre 2006
Perturbations et diversité
En 1978, un chercheur du nom de Connell émettait l’hypothèse que pour des perturbations d’intensités et de fréquences moyennes, la diversité dans une forêt tropicale était maximale (Intermediate Disturbance Hypothesis). Depuis, cette hypothèse a été appliquée avec succès dans tous les milieux terrestres et j’ai moi-même montré qu’elle était valable sur un critère ne dépendant pas de l’espèce dans le milieu aquatique pour des perturbations tant physiques que trophiques.
Au-delà des considérations écologiques, je suis persuadé que cette hypothèse a des conséquences qui dépassent le simple cadre naturel pour investir des champs tels que l’économie ou la sociologie.
Prenons l’exemple de l’émergence d’idées dans une société. Si tout le monde pense pareil (absence de perturbations) les idées vont émerger lentement, puisque la probabilité pour qu’une idée faisant avancer la société n’émerge sera rapportée à un seul individu (la société étant prise comme pensée unique). A l’opposée, si personne n’est d’accord, aucun courant d’idée ne se créer et perdure : c’est l’anarchie.
Il faut donc un nombre moyen d’agents perturbateurs dans une société pour la remettre en cause sans la déstabiliser irréversiblement.
Ces photos montrent des plantules de Kalanchoë sp. (daigremontania ?) qui poussent sur le bord des feuilles. C’est une reproduction asexuée, sorte de clonage de la plante elle-même. Elle a pour but de faire perdurer les gènes de la plante-mêre en cas de destruction de celle-ci. C’est une tactique opportuniste utilisée dans le cas de forte perturbation pour coloniser le plus rapidement possible un milieu. D’un autre côté, la plante fleurie environ tous les cinq ans, ce qui lui permet un mélange de ses gènes avec ceux d’une autre plante pour que l’espèce perdure. C’est une autre tactique qui nécessite dans ce cas, des perturbations d’une fréquence supérieure à 5 ans.
L’émission de plantules seule ne pourrait subvenir au maintient de l’espèce dans le temps. En effet, contrairement à ce que pensaient les adeptes de l’eugénisme, l’absence ou la faible mixité des gènes (comme la reproduction entre les individus d’une population choisie et fermée) conduit à la fragilisation de cette population face à la variabilité de l’écosystème du fait de la diminution de la diversité génétique.
Un peu de lecture :
Diversity in trocpical forest and coral reefs. Connell 1978.
La biologie végétale de Raven, Evert et Eichhorn. 2000 un must
Précis d’écologie de Dajoz. 1996 (mais il existe une version plus récente je crois)
Ecosystèmes, structure, fonctionnement, évolution de Frontier et Pichod-Viale. 2001
Une publication un peu plus calée en préparation sur demande.